L'évaluation au Conseil Municipal :
une fausse note pour Guillaume Garot !
Rappel des épisodes précédents : Guillaume Garot veut mettre en place à la Mairie de Laval, l'expérimentation (pourtant facultative) de l'évaluation des fonctionnaires voulue par M. Sarkozy dans le cadre de la RGPP, clairement annoncée dans son discours de Nantes le 17 septembre 2007, et transcrite dans le décret du 29 juin 2010 et la circulaire du 6 août 2010. De nombreux acteurs témoignent des dégâts causés par l'évaluation : Guillaume, député mal noté, un médecin du travail, Christophe Dejours, des salariés de France Télécom, entreprise privatisée par la gauche… Georges Tron, inspirateur du décret, a démissionné et est mis en examen… Le risque d'un fichage des agents municipaux à l'occasion des primaires du PS est dénoncé par le Ministre de l'Intérieur, et vient se télescoper, à la mairie de Laval, avec la mise en place de l'évaluation... Malgré cela, la municipalité a obtenu un vote favorable au CTP le 16 juin avec le seul soutien de la CFDT. Le Conseil municipal du 27 juin, à 20h 51, a voté dans la douleur…
Ambiance des grands jours au conseil municipal de Laval ce lundi 27 juin 2011.
A 19 heures pétantes, ils sont presque tous là. François d'Aubert, qui s'ennuie manifestement à Paris, est présent, et subit les assauts de JC Boyer.
Guillaume Garot, tout bronzé et souriant, préside.
Les premiers dossiers se passent fort bien pour lui. A chaque attaque de François d'Aubert, MM. Garot et Boyer rappellent l'héritage financier, de multiples graphiques à l'appui. Sur sa chaise, derrière la municipalité, certain se tasse…
Puis vient le vote sur l'évaluation. Manifestement en dehors de l'espace et du temps, l'adjoint au personnel, Jean-Yves Lefeuvre, présente ce dossier de façon très scolaire, citant la loi et le décret Sarkozy-Hortefeux-Woerth-Tron, sans réellement mesurer la portée politique de ses acte s.
Et alors, coup de tonnerre : une élue de la majorité, Mme Romagné, prend la parole avec courage et détermination. Elle rappelle la paternité politique du dispositif que Guillaume Garot veut imposer, souligne le caractère très libéral de ce projet issu de l'entreprise privée. Elle rappelle les dégâts que ces pratiques d'évaluation individualisée créent sur la santé mentale des salariés. Elle votera contre, et d'autres élus partagent sa position.
Puis, c'est le tour d'un autre élu de la majorité, M. Brillet, de prendre la parole solennellement :
"Je suis salarié de France télécom, j'ai pu constater les conséquences de l'application de ces pratiques au sein de mon entreprise ! je voterai contre !"
Guillaume Garot est toujours aussi bronzé, mais le sourire devient un rictus…
François d'Aubert lève la main. Il conteste l'opportunité de la mise en place de ce système d'évaluation : "Ce n'est pas le bon moment, alors que l'organisation des primaires du Parti Socialiste va amener les agents à devoir se positionner…". Il demande en vain le report du projet.
20h 51 : le vote est significatif d'un grave malaise :
4 contre, 10 abstentions !
Ce vote n'est pas sans rappeler celui sur la privatisation du stationnement où, l à aussi, des élus courageux ont su mettre en avant leurs convictions et le respect de leurs valeurs, refusant toute "discipline de vote".
Espérons que ce dossier de l'évaluation individuelle au mérite connaîtra le même sort que la privatisation du stationnement : la poubelle ou les oubliettes !
Les enseignants du Conseil déjà en vacances ?
Très discrets les élus de la majorité de "gauche" qui sont par ailleurs enseignants… Tassés sur leur chaise, comme victimes d'un dédoublement temporaire de leur personnalité, ils ont voté le projet alors qu'ils le combattent au sein de l'éducation nationale...
Ils espèrent qu'à la rentrée, leurs collègues dans les écoles auront oublié… Nous pas !
Ce vote renforce notre détermination, et notre appel au boycott !
Ils visaient la précarité, ils ont touché les précaires !
La création d'une équipe de 12 titulaires pour un pôle de remplacement dans les secteurs petite enfance, enseignement, animation a été votée (10 abstentions). Le maire adjoint au personnel a dû avouer que les remplacements étaient actuellement assurés par plusieurs dizaines de vacataires (plus de 100) !
Que vont-ils devenir ? Guillaume Garot s'est contenté de dire que son objectif était la résorption de la précarité.
A cet effet, sans doute, plusieurs dizaines de lettres précisant "votre contrat n'est pas renouvelé" vont partir prochainement…
à suivre...